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OGM Sur le fil entre risques et espoirs

Les organismes génétiquement modifiés (OGM), sont porteurs de grands espoirs, mais parce qu'ils résultent d'une manipulation du vivant, destiné à se reproduire, ils présentent des risques systémiques qu'il convient de surveiller étroitement.

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• Augmentation des rendements :

Sur les 6,3 milliards d'hommes, quelque 2 milliards sont malnutris. Selon les Nations unies, la population mondiale devrait atteindre 7,8 milliards en 2025, dont 6,45 milliards dans les pays en développement. Elle devrait avoir doublé en 2050. Les plantes transgéniques modifiées pour tolérer les herbicides ou secréter des toxines contre leurs parasites, qui constituent la quasi-totalité des OGM commercialisés en 2005, peuvent participer à l'accroissement nécessaire des rendements végétaux. Ce sont les plus simples à obtenir par transferts de gènes. Peu de moyens sont aujourd'hui consacrés à d'autres pistes prometteuses, telles que les plantes capables de surmonter les contraintes agricoles : ressources en eau limitées, voire sécheresse, salinisation des sols par l'irrigation, températures extrêmes, etc...

• Accroissement de la valeur nutritionnelle :

Il existe déjà des plantes alimentaires génétiquement modifiées pour secréter des vitamines ou sels minéraux qui permettraient de compenser certaines carences. L'exemple le plus connu est celui d'un riz enrichi en bêtacarotène, élément transformé dans le corps en vitamine A. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le manque de vitamine A engendre de graves troubles oculaires chez près de 200 millions d'enfants. Pour les consommateurs surnourris des pays riches, les chercheurs travaillent à des oléagineux avec une proportion plus importante d'acides gras insaturés, ou à des pommes de terre qui absorberaient moins de graisse.

• Des plantes et bactéries qui fabriquent des médicaments :

Depuis une vingtaine d'années déjà, des plantes et bactéries sont modifiées pour secréter des protéines à usage pharmaceutique. Parmi les plus connus, figurent le vaccin contre l'hépatite B ou les hormones de croissance, mais aussi des médicaments de nouvelle génération contre le cancer... Ces molécules sont parfois produites par des plantes alimentaires, ce qui fait courir un risque de contamination aux variétés apparentées. Les scientifiques préconisent l'utilisation de plantes neutres, comme le tabac.

• Dissémination dans l'environnement :

Les plantes transgéniques cultivées en pleins champs peuvent, par leur pollen, transférer leur matériel génétique aux variétés apparentées qui poussent dans le voisinage. C'est le "flux de gènes", phénomène incontrôlable au nom duquel les anti-OGM demandent que cessent les cultures en plein air. Pour limiter ces contaminations, le gouvernement veut imposer des distances de sécurité entre cultures OGM et non-OGM, accompagnées de "zones tampon" et obstacles appropriés. Il est impossible de prévoir ces flux, dépendant des vents, des précipitations et des insectes pollinisateurs.

Dans l'Oregon, aux Etats-Unis, le pollen du gazon d'un golf, rendu tolérant à un herbicide, a allègrement franchi les 1,6 km de la zone de sécurité, et a été retrouvé à 21 km de distance... La transmission incontrôlée de gènes ne concerne que les plantes apparentées. En Europe, le maïs, la pomme de terre, le tabac ou le soja OGM, qui ne sont pas originaires du continent, ne peuvent donc contaminer que des cultures identiques. En revanche, le colza, étant originaire d'Europe, peut contaminer d'autres espèces crucifères, comme cela a été constaté en Grande-Bretagne. Un risque similaire existe pour la betterave ou la chicorée.

• Insectes résistants, insectes contaminateurs :

La nature même de l'évolution rend probable l'apparition d'insectes résistants aux toxines secrétées par certaines plantes OGM pour se protéger de ravageurs, ce qui contraindra à produire d'autres pesticides. La bactérie à laquelle le maïs OGM dit "maïs Bt" a emprunté une toxine fatale à la pyrale, Bacillus thuriengiensis, est utilisée sous forme de pulvérisation dans de nombreux pays. En Malaisie, au Japon et à Hawaï, l'usage répété de cet insecticide a généré des phénomènes de résistances chez les parasites. Le phénomène n'a pour l'instant pas été décelé autour du maïs Bt. Il a en revanche été constaté chez un ver ravageur du coton. Les insectes pollinisateurs, comme les abeilles, peuvent quant à eux se transformer en vecteur involontaire de gènes.

• Risques pour la santé humaine :

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Les risques présentés par les gènes modifiés dans des plantes alimentaires ingérées par l'homme semblent très limités, l'ADN étant détruit dans le système digestif. Selon des travaux réalisés sur du soja OGM et parus en janvier 2004 dans la revue britannique Nature Biotechnology, une partie des gènes peut toutefois subsister dans l'intestin grêle, avant de disparaître dans le gros intestin. Dans le doute, les OGM dotés de gènes "marqueurs" de résistance aux antibiotiques (qui servent à encadrer le gène "cible" tranféré) avaient été interdits à la commercialisation en Europe en 2000, jusqu'en 2005.

Le projet de loi du gouvernement prévoit qu'ils soient "progressivement éliminés d'ici le 31 décembre 2008 s'ils sont susceptibles d'avoir des effets préjudiciables pour la santé publique et pour l'environnement". Un marquage plus sophistiqué est possible mais nettement plus onéreux. Par ailleurs, seules des études de toxicologie limitées ont jusqu'à présent été conduites sur l'impact des insecticides sécrétés par des OGM et des désherbants métabolisés par les plantes rendues tolérantes. On ignore donc l'effet à long terme de ces substances sur l'organisme humain.

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